Portage salarial et congés payés : tout ce qu’il faut savoir

Portage salarial et congés payés : tout ce qu’il faut savoir

Les congés payés en portage salarial soulèvent souvent des questions chez le salarié porté. Ce statut hybride, qui combine la liberté du travailleur indépendant et la sécurité du salariat, obéit à des règles spécifiques définies par la convention collective du portage salarial et le Code du travail.

Comme un salarié, le consultant bénéficie d’un droit aux congés. Cependant, l’indemnité de congés payés est calculée selon des méthodes particulières et généralement intégrée dans le salaire brut, avec les cotisations sociales correspondantes.

La prise de congés doit être anticipée pour ne pas perturber les missions en cours et assurer une bonne gestion de son activité. Comprendre le fonctionnement de l’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) est essentiel pour organiser son repos, maintenir sa rémunération et préserver son équilibre professionnel.

Les congés payés existent-ils en portage salarial ?

Les droits du salarié porté

En portage salarial, les congés payés existent bel et bien. Le salarié porté, qu’il soit en CDD ou en CDI, bénéficie des mêmes droits que les salariés classiques : 2,5 jours ouvrables par mois travaillé ou temps de travail effectif, soit 30 jours par an. Les congés payés en portage salarial sont encadrés par l’article 28 de la convention collective du portage salarial, signée en mars 2017 et étendue par arrêté du 28 avril 2017 (entrée en vigueur le 1er juillet 2017). Cette convention, qui a valeur obligatoire pour toutes les entreprises de portage, complète les articles L3141-1 à L3141-30 du Code du travail relatifs aux congés payés.

Quelles différences avec le salariat classique ?

La grande différence réside dans la manière dont les indemnités de congés payés sont gérées. Contrairement aux salariés traditionnels, les portés n’ont pas de compteur de jours : l’indemnité compensatrice de congés est directement intégrée dans le salaire brut chaque mois, soumise aux cotisations sociales de la sécurité sociale et à l’imposition. Le consultant ne peut donc pas prétendre au paiement de ses congés à son retour : s’il ne travaille pas, il prend ses congés sans solde, l’indemnité de congés payés ayant déjà été versée chaque mois.

Éléments Salarié classique Salarié porté (portage salarial)
Acquisition des congés 2,5 jours ouvrables par mois travaillé (30 jours/an) 2,5 jours ouvrables par mois travaillé (30 jours/an)
Mode de calcul Maintien du salaire ou règle du dixième, selon la situation Règle du dixième principalement (10 % de la rémunération brute)
Versement de l’indemnité Pendant la période de congés (salaire maintenu) Indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) intégrée chaque mois dans le salaire brut
Compteur de jours Oui, suivi par l’employeur Non, pas de compteur : l’indemnité est versée automatiquement
Congés non pris Possibilité d’indemnité compensatrice en fin de contrat Pas de rattrapage : l’indemnité a déjà été payée chaque mois
Validation des congés Doit être validée par l’employeur Libre choix du salarié porté, avec obligation d’informer la société de portage et ses clients
Impact sur le chômage Congés payés pris en compte par Pôle emploi ICCP déjà versée → peut entraîner un différé d’indemnisation chômage
Financement Pris en charge par l’employeur Financé directement par le chiffre d’affaires du consultant porté

Cette organisation offre une certaine autonomie, mais implique aussi une bonne gestion pour anticiper les périodes d’inactivité et préserver l’équilibre entre missions, repos et sécurité financière.

Comment sont calculés les congés payés en portage salarial ?

Deux méthodes de calcul existent pour calculer le montant de votre ICCP selon le droit du travail :

  • La règle du maintien du salaire : le consultant perçoit une rémunération identique à celle qu’il aurait touchée s’il avait travaillé. Cette méthode est adaptée aux situations où la rémunération est stable, comme pour un CDI avec revenus réguliers.
  • La règle du dixième : l’indemnité compensatrice de congés payés correspond à 10 % de la rémunération brute perçue pendant la période de référence (du 1er juin au 31 mai). C’est la méthode la plus utilisée en portage salarial, car les revenus dépendent directement du chiffre d’affaires généré par les missions.

Il est possible de faire une simulation portage salarial pour connaître le montant de vos droits sur OpenWork.

Exemple concret :

un premier consultant porté avec 42 000 € de revenus annuels aura droit à une indemnité de congés payés de 4 200 € (42 000 x 10 %), versée sous forme d’ICCP au fil des bulletins de paie.

Rémunération annuelle brute : 42 000 €

Droit complet de 30 jours = 4 200 € (42 000 ÷ 10)

Si le salarié porté prend seulement 18 jours → prorata (18 ÷ 30) × 4 200 = 2 520 €

Ce prorata sert à ajuster l’indemnité à la durée réelle des congés.⚠️ En pratique, l’ICCP est souvent intégrée directement au salaire mensuel du consultant. Ainsi, qu’il prenne 3 ou 5 semaines de vacation, il ne percevra pas de complément à son retour : les indemnités de congés payés ont déjà été versées au fil des bulletins de paie.

Quand et comment prendre ses congés en portage salarial ?

La prise de congés en portage salarial fonctionne différemment de celle du salariat classique. Le salarié porté dispose d’une grande autonomie : il choisit librement la date et la durée de ses congés, sans avoir besoin d’une validation formelle de sa société de portage. En revanche, il doit impérativement informer à l’avance son entreprise de portage et ses clients, afin que son absence ne perturbe pas la bonne réalisation des missions.

Cette liberté implique une réelle responsabilité. Le consultant doit anticiper son organisation, prévenir ses clients suffisamment tôt et s’assurer que son activité ne soit pas impactée.

Il est donc essentiel de planifier ses périodes de vacances comme un vrai freelance : choisir des dates adaptées aux prestations, sécuriser sa trésorerie et maintenir de bonnes relations professionnelles grâce à une communication claire avec les clients.

Quelles sont les limites des congés payés en portage salarial ?

Si les congés payés en portage salarial garantissent au salarié porté un droit similaire à celui d’un salarié classique, leur gestion présente plusieurs limites qu’il faut bien comprendre.

Impact sur le chômage et France Travail

Comme l’indemnité compensatrice de congés payés étant intégrée dans le salaire brut chaque mois et soumise aux cotisations sociales, elle n’est pas toujours prise en compte par Pôle emploi. Résultat : le consultant peut subir un différé d’indemnisation chômage, ce qui complique sa sécurité financière en cas de fin de contrat.

Risque de renoncer à ses congés

Beaucoup de portés craignent de perdre des clients s’ils s’absentent. Comme l’indemnité de congés est déjà versée mensuellement, prendre congé revient à ne pas facturer de chiffre d’affaires pendant cette période. Certains renoncent donc à leurs congés pour rester disponibles, au détriment de leur équilibre vie pro/vie perso.

Indemnités parfois moins favorables

En fonction des situations (hausse de revenus en cours d’année, contrat long, évolution du salaire), la rémunération peut être moins avantageuse que le maintien du salaire. Le salarié porté doit donc bien comprendre les règles de calcul pour éviter toute mauvaise surprise.

En clair, si les avantages du portage (autonomie, protection sociale, souplesse) sont réels, la gestion des congés reste un point sensible qui nécessite anticipation et vigilance.

Comment bien s’organiser et préparer ses congés en tant que salarié porté ?

En portage salarial, prendre des congés n’est pas seulement une question de calendrier : c’est aussi un enjeu financier et organisationnel. Le salarié porté doit penser comme un freelance, tout en respectant le cadre du salariat.

Penser son budget comme une entreprise

Puisque l’indemnité de congés payés est versée chaque mois, le risque est de dépenser immédiatement cette part de rémunération. Beaucoup de portés se retrouvent sans marge de manœuvre au moment de partir. Une bonne pratique consiste à isoler ces 10 % sur un compte séparé, comme le ferait une entreprise avec une provision, afin de sécuriser son absence sans stress financier.

Intégrer les congés dans son business plan personnel

Lors de la négociation de son tarif journalier, le consultant doit raisonner en “jours facturables” réels. Par exemple, s’il souhaite travailler 200 jours par an, il doit inclure 25 jours de congés, 15 jours de formation ou prospection, et ne pas baser son calcul uniquement sur 220 jours travaillés. C’est la clé pour maintenir une rémunération cohérente avec ses besoins.

Préparer ses congés comme un projet client

La prise de congés doit être anticipée comme une mission à part entière : informer ses clients tôt, livrer les éléments nécessaires avant son départ et organiser un suivi si besoin. Cela permet d’éviter toute interruption de contrat ou perte de crédibilité professionnelle.

Gérer ses congés payés en portage revient à combiner rigueur budgétaire, stratégie de tarification et communication proactive. C’est ce qui permet au consultant de profiter réellement de ses congés sans compromettre la stabilité de son activité.

FAQ sur les congés payés en portage salarial

Que se passe-t-il si je ne prends pas tous mes congés en portage salarial ?

En portage salarial, il n’existe pas de compteur de congés. L’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) est
généralement intégrée chaque mois au salaire brut. Si vous prenez moins de congés, il n’y a pas de complément versé
au retour.

Dois-je demander une autorisation pour mes congés en portage salarial ?

Le salarié porté choisit librement la date et la durée de ses congés payés, sans validation formelle.
Il doit toutefois informer en amont sa société de portage et ses clients afin de ne pas perturber les missions en cours.

Les congés payés en portage salarial ouvrent-ils droit au chômage ?

L’ICCP étant déjà versée dans le salaire mensuel et soumise aux cotisations sociales, elle peut générer
un différé d’indemnisation par Pôle emploi/France Travail en fin de contrat. C’est une différence notable avec le salariat classique.

Peut-on reporter ses congés d’une année à l’autre en portage salarial ?

En principe non. Les congés payés doivent être pris sur la période de référence (1er juin → 31 mai, Code du travail).
Comme l’ICCP est intégrée au salaire mensuel, il n’y a pas de report d’un exercice à l’autre.

Les congés payés sont-ils imposables en portage salarial ?

Oui. L’indemnité de congés payés est un élément de rémunération : elle est soumise aux cotisations sociales,
aux prélèvements obligatoires et à l’impôt sur le revenu, comme le reste du salaire du consultant en portage salarial.

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